Le professeur parlait pour ne rien dire. Il avait toujours détesté les cours economico-géographique, même si c'était en anglais. Si seulement ils pouvaient faire des choses plus intéressantes. Son voisin de table, colocataire, meilleur ami et actuellement petit ami s'agita sur sa chaise. Il le vit se retourner et se pencher alors il décolla sa joue de sa paume et croisa son regard. Il y vit une lueur d'envie et de perversité qui fut claire quand il le vit faire un geste très très très explicite avec ses mains. Matthew déglutit et passa sa langue sur ses lèvres. Il n'avait pas spécialement envie. Pas que le fait qu'Etienne lui fasse un... attouchement poussé ne lui déplaise, mais plus le fait que si il n'arrivait pas à retenir ses gémissements, il serait bien embarrassé. Il le regarda l'air de dire: "Mais.. ça va pas ?" mais le sourire pervers de son compagnon faisait parler la petite voix dans sa tête. "Au pire, tu te couvriras la bouche discrètement, et puis personne ne vous verra..." Il ne dit, ni oui, ni non mais détourna le regard, le rose aux joues.

Etienne déposa un doux baiser sur les doigts de l'irlandais après les avoir encerclés des siens. Puis il la détacha et glissa vers le pantalon du blond. Celui ci déglutit et porta son regard vers les élèves devant eux et au professeur. Il ne voulait pas qu'ils se retournent, il ne voulait pas que ses soupirs le trahissent, mais il ne voulait pas que le châtain... ne le fasse pas. Il frissonna quand le bouton de son jean fut défait et que la main de l'aîné s'aventura entre son boxer et le tissu du pantalon.

Dès le contact, il se mordit les lèvres. Etienne le regarda et posa son doigt sur ses lèvres avec un sourire. Il est marrant lui ! Dur de rester silencieux quand un dieu vivant aventure sa main dans votre slip ! Les mouvements commencèrent et un gémissement étouffé franchit ses lèvres, heureusement personne n'entendit à par le châtain qui devait sûrement arborer un immense sourire victorieux. Les doigts glissaient contre sa virilité et ses soupirs devinrent bien plus difficiles à dissimuler. Il fit comme si il posait la tête sur la table mais il avait posé sa main sur sa bouche et fermait les yeux de plaisir. Ses joues étaient affreusement rouges...

"Mister Parker ! Please, don't sleep in my courses !"

Matthew se releva légèrement, reconnaissant que son petit ami est daigné cesser ses mouvements. Il était légèrement paniqué, il ne voulait pas qu'elle vienne ici.... Elle risquait de voir une... bestiole plutôt intimidante. Il se gifla mentalement. Heureusement, devant son manque de réaction, Etienne fut plus rapide.

"Uh... He's not sleeping madam... He's... Uh... What are you doing right now ?" Raconta-t-il.

Le blond pensa: "Mais qu'il est con !" Il lui jeta un regard désespéré. Mais il n'avait rien trouvé d'autre à dire que de lui demander ce qu'il DEVAIT trouver à dire ? Etienne semblait aussi paniqué que lui mais les deux garçons ne laissèrent pas paraître leurs réactions. Le blond réfléchit à la vitesse de la lumière puis il sortit la chose la plus classique qu'on n'eut jamais trouvé.

"Sorry m'dam.. I just have.. a headache.. It's okay." Bredouilla-t-il.

Le professeur le rappela à l'ordre mais, à son plus grand bonheur, reprit son cours sans poser de questions. Il souffla et se retourna vers Etienne pour le foudroyer du regard. Maintenant, il ne savait pas vraiment comment rester discret sans se faire attraper. En plus, sans être vulgaire, il avait encore la gaule...

"Couché Médor"... Sérieusement. Matthew leva les yeux au ciel. Il croyait franchement que ça fonctionnait comme ça ? Ce n'est pas avec son... doigté magique que la bosse dans son pantalon allait partir. Il capta alors le regard d'Etienne. Il était tendre, si bien que le blond ne put s'empêcher de le trouver adorable.

"T'as intérêt à arranger ça plus tard..." Murmura l'irlandais avec un léger sourire sur le visage.

En attendant, il fallait qu'il s'occupe de lui tout seul. Des tsunamis, des vaches qui trouent la couche d'ozone, la mort de ses parents... Penser à autre chose était une bonne idée, ça marchait en plus. Des chiens, une maladie incurable, un train qui déraille... Il reposa sa tête contre la table, il prétexterait son mal de tête si la prof' se ramenait. Un cour de huit heures d'histoire. Ugh... Si ça, ça le faisait pas débander direct...

Quand le visage du nouveau apparut devant les yeux de Matthew il déglutit faiblement. Il n'aurait jamais cru le recroiser, SURTOUT ici. Il se sentait mal. Car, en plus d'avoir osé faire des choses avec ce garçon, il avait souhaité oublier, et rien n'avait fonctionné comme prévu. Il s'en souvenait parfaitement et il ne voulait pas qu'Etienne soit au courant, surtout pas. Il sentit la main du châtain chercher la sienne et il la serra. Elle tremblait légèrement. Il fut surpris de voir Etienne aussi préoccupé. Il garda sa paume bien serré dans celle de son voisin et fit glisser leurs mains sous la table pour pouvoir caresser la cuisse de l'aîné du bout des doigts. Il lui offrit un sourire et se retourna vers Harry. Il vit son regard se poser sur Etienne et inconsciemment il serra les dents. Il ne savait pas ce que souhaitait réellement le bouclé, mis à part coucher et il en avait fait les frais -même si il avait apprécié mais ça il ne l'avouerai pas-. Il ne voulait pas qu'il s'en prenne à Etienne, d'une quelconque façon ! Il resserra sa main autour de celle de son petit ami et continua à fixer le nouveau venu, essayant de cerner ses émotions.

"Pourquoi t'as changé de classe ? Tu sais qu'ici, on est des bosseurs."

"Ne vous en faites pas pour moi je suis un bosseur, surtout dans mon domaine de prédilection, je ne néglige aucun détail, n'est-ce pas ?"

Matthew sentit un immense frisson lui remonter le long du dos. Oh dieu... Au regard de Harry, il allait morfler, sévèrement. Des flashs de cette nuit lui revinrent à l'esprit et il déglutit. OUI il avait apprécié mais, comment voulez vous refuser de vous l'avouez alors qu'il est... juste magnifiquement bien foutu ? Le blond se gifla mentalement. Ça craignait grave... Il ne pouvait pas ressentir quelque chose -quel qu’en soit la nature !- pour ce garçon alors qu'il avait Etienne, son Etienne désormais avec lui. Etienne qui lui broyait littéralement la main maintenant. Il l'entendit pousser un grognement très... guttural et le directeur demanda:

"Vous vous connaissez ?"
"J-Je... Ou-Oui..."

Ah ben ça allait simplifier les choses... Attends, QUOI ? Le blond se retourna vers le châtain lui adressant un regard totalement éberlué. Comment ça ils se connaissaient ? Et POURQUOI c't'abruti de proviseur n'avait rien trouver de mieux à faire que de coller Harry à côté d'eux ? Il n'avait pas besoin d'un deuxième dieu pour attiser sa tension sexuel ça ira merci ! La main du châtain se desserra et il le vit fermer les yeux comme pour chasser des mauvaises pensées. L'irlandais reporta son regard sur Harry qui gravissait les marches pour se positionner sur leur banc. Il ne soutint pas longtemps son regard, il avait bien trop peur que le bouclé remarque de nouveau son envie, et son désir. Et il ne voulait surtout pas qu'Etienne le sache.

Sa vie allait devenir un enfer...

Salut les garçons, comment vous allez ? Ça fait un bail qu'on ne s'était pas retrouvés si proches ? Je vous ai manqué ?

Oh mon dieu... Matthew déglutit et frissonna devant la chaleur de la voix d'Harry. Il était tendu et il ne savait absolument pas comment réagir mais une autre partie de lui était bien trop heureuse à son goût. Il ne devait pas l'être mais c'est comme si son cœur en avait décidé autrement. Le blond ouvrit la bouche pour répondre au bouclé mais Etienne lui lâcha brusquement la main et déboula dans les escaliers de l'amphithéâtre sans regarder où il posait les pieds. Soudain, il perdit son équilibre et chuta sur les dernières rangées de marches. Les lèvres de l'irlandais se retrouvèrent martyrisées sous ses coups de dent et il croisa le regard du châtain qui se tordait de douleur. Il y avait de la douleur physique mais pas que, il avait besoin de lui, cela se lisait dans ses prunelles. Il voulut se lever pour l'aider et le conduire à l'infirmerie mais le professeur fut plus rapide malgré la vitesse de son amour -ah ah- et il désigna Harry pour aider le pauvre Etienne pâle comme un linge et qui blanchissait encore à vue d’œil. Matthew, cloué sur sa chaise, regardait impuissant le malheur qui se déroulait devant ses yeux. Toutefois, il oublia vite l'endroit où il se trouvait. Au diable les règles !

"Je viens. Je l'accompagne." Et il se leva et descendit les escaliers sans faire attention aux regards médusés, amusés ou énervés de l'audience.

Quand Harry attrapa Etienne pour le prendre dans ses bras, le blond cru qu'il allait lui sauter à la gorge comme une loup affamé. Il les suivit tout de même les bras ballant, sans rien dire, juste à ruminer intérieurement tout ce qu'il venait de se passer dans son esprit encombré. C'est à ce moment que le bouclé décida de donner un coup de hanche gracieux dans la pauvre porte de la salle. Il déglutit difficilement. Cela lui rappelait bien trop de souvenirs à son goût. Il avait besoin d'un remontant lui aussi...

"Alors blondinet, c'est par ou l'infirmerie ?"

Matthew eut un sursaut. Comment osait-il l'appeler comme ça ? Il savait que ça allait le faire réagir ! Mais si il faisait le moindre geste devant Etienne, il serait grillé. Il se contenta de se mordre la lèvre. Il fut sauvé par l'intervention de son petit ami.

"Non, mais c'est bon, je peux marcher tout seul, lâche moi."

Il le vit se diriger vers lui et s'accouder à son épaule. L'irlandais esquissa un sourire et guida le châtain en évitant soigneusement le regard du brun qui se faisait trèès insistant sur son dos. Quand ils arrivèrent à l'infirmerie, ils furent pris en charge par l'assistante médicale qui se précipita sur Etienne.

"Tenez, vous, bouclette, allez donc l'installer là bas dans cette chambre. Et vous le blond, vous pouvez aller me chercher des poches de glaces à la réserve je vous prie ?"

Oh putain non... N'empêche que c'était ironique dans un sens qu'elle l'appelle "bouclette". Le blond jeta un regard mi-noir mi-amusé à Harry et se précipita dans la réserve. Il ne voulait pas les laisser seul... Pas lui avec lui. Cette journée était sûrement la pire de sa vie. Matthew attrapa les premières poches qu'il trouva et rejoignit les deux compères dans la chambre. Il ouvrit la porte...

Encore en état de choc, l'ainé des trois jeunes hommes se retrouva trainé à la suite du bouclé. La douleur qu'il ressentit dans sa cheville le ramena à la réalité.
Sans avoir eut le temps de dire, de faire, ou même de réfléchir à quoi que ce soit, il se retrouvait cloué sur le lit, Harry le surplombant entièrement, et une main plaquée sur la bouche.
Pris au piège. Et il ne tiendrait pas longtemps.

- « Alors Etienne, il est comment ce blond ? Lui aussi ta violé, sa te plait ?? »

La voix de son camarade était grave, suave. Le châtain repoussait tout les souvenirs de son passé, en vain. Jamais il ne pourrait oublier, encore moins maintenant. Et plus il y repensait, plus il se sentait mal, horrible. Au fond de lui, il savait que le brun n'avait jamais cherché à le forcer, ni à lui faire du mal. Non, en réalité, c'était lui-même, le coupable.
En y réfléchissant, ses yeux plantés dans les orbes émeraudes d'Harry, il eut comme envie de vomir. Il se dégoutait. Il haïssait son passé et avait préféré l'oublier. Oublier la plus grosse erreur de sa vie. Comme un lâche. La solution la plus facile. La solution la plus horrible.
Il était encore jeune, insouciant, et il avait fais la plus grosse connerie de sa vie. En plus de lui même, il avait détruit quelqu'un d'autre.
Oui, il l'avait désiré, et puis il l'avait même laissé l'aimer. Et enfin, il l'avait voulu. Il l'avait eu, ça il n'y avait aucun doute. Et puis il avait finalement eu peur. Peur de lui même. Peur de son ombre en quelque sorte. Et pour finir, il l'avait rejeté comme un beau diable, se sentant perdu, sale, dégouté. Finalement, il n'était pas prêt.
Les paroles du bouclé mirent un long temps à s'adapter dans son cerveau. Violé. NON ! Il ne pouvait pas continuer ainsi ! Il ne pouvait pas laisser Harry sur cette sombre pensée. Il n'en avait pas le droit, et il se promit de réparer son erreur coute que coute. Advienne que pourra. Tant que Matthew était toujours avec lui ; car si il le perdait, il perdait tout. Comme si il était son seul point de repère dans ce monde si morne. Si cruel.
Et soudain il se demanda si lorsqu'il avait rejeté son compagnon d'une nuit, si ce dernier avait ressentit cette chose que lui-même espérait ne jamais connaitre.

-Je... Il... Non... Je l'aime... Commença-t'il d'une petite voix.

Au moment ou Harry se redressa un peu, Étienne releva un peu la tête. Son visage se perdit dans le vide. Son cerveau ne tournait plus décemment, et comme un signe contradictoire à ses paroles, sa main intacte se perdit dans les boucles du brun et rapprocha leur têtes. Dans un énième mouvement, leurs lèvres se soudèrent. Un gout légèrement sucré, des lèvre bouillonnantes de chaleur. Comme la première fois.
Puis il réalisa ce qu'il était en train de faire. Non ! Il n'allait pas recommencer ! Ses yeux s’écarquillèrent et il repoussa Harry loin de lui. Il avait recommencé. Il avait fait le premier pas, et puis il n'avait pas assumé son geste. Il était vraiment le dernier des cons.
Dans un dernier espoir, et entendant des pas qui se rapprochaient, il murmura une phrase presque inaudible.

-Je suis désolé...

Quand Matt rentra dans la pièce confinée de l'infirmerie, il ne s'attendait pas à la scène qui se déroulait devant ses yeux. "Dérouler" était un grand mot. En effet, il ne s'était rien passé. Harry était paisiblement assis sur une chaise, son air de tombeur sur le visage et Etienne était posé sur le lit, silencieux et troublé. L'irlandais fronça les sourcils et s'approcha du lit pour poser les poches de glace pas loin puis il s'avança vers Etienne un sourire crispé sur le visage. Il était affreusement stressé, il savait parfaitement pourquoi et il se dégoûtait lui même en quelques sortes.

"... Vous en faîtes des têtes. Souris Etienne." Rajouta Matt en adressant un sourire qu'il voulait rassurant à son petit ami.

Sans trop savoir quoi faire, il posa un léger baiser sur le front du châtain et s'assit près d'Harry en attendant le retour de l'infirmière, qui mettait le temps, comme d'habitude. Il lança un regard qui voulait dire: "Je-sais-ce-que-tu-sais-que-je-sais-mais-c'est-mon-mien-d'accord-?" Le blond se sentait oppressé dans cette atmosphère qu'il n'arrivait pas à gérer. Il crevait envie de savoir les relations qui liaient Harry et Etienne, il avait peur en fait. Peur de ce qu'il y avait pu se passer entre les deux. Et si il y avait eu ça ? Et si Etienne décidait de le laisser pour Harry ? Matt déglutit fébrilement regarda alternativement son petit ami et son histoire d'un soir. Il aimerait tellement être ailleurs...

"Alors petit ! Qu'est-ce que tu as ?" demanda l'infirmière qui déboula de nul part. Elle se saisit de la poche de glace et l'appliqua à Etienne puis sans se préoccuper de l'irlandais ni du bouclé, repartit dans la pièce d'à côté. Elle devait avoir l'habitude de voir des élèves qui n'ont aucunes envies de retourner en cours...