La chaleur de son corps m'emplit et pendant un instant, j'écoutais les battements de son coeur, réguliers. Je sentais pourtant qu'il restait immobile, comme incapable de comprendre ce que je faisais ou ressentait envers lui, mais je dois avouer que moi aussi je ne savais pas bien quoi ressentir à son égard... Mais ce n'était pas le moment de le briser plus qu'il ne l'était. Il n'était pas encore capable de comprendre ? Peu m'importais, je pouvais attendre.

Puis, d'un geste lent, il enfouit son visage dans mon, et je sentis des pupilles se fermer tandis que ses cils frôlaient ma peau. Je respirais doucement. Son bras était posé sur mes genoux. J'avançais ma main, tout d'abord hésitante, puis je soulevais sa manche jusqu'à ce que quelques croix apparaissent. Légèrement, je les caressais. Puis je détournais le regard et passais ma main dans ses cheveux bruns foncés. Je n'avais jamais vécu ça avec un homme, mais ces gestes venaient instantanément alors que le seul qu'Otto avait fait avait du être la plus dur des choses à exécuter. Retirant mes doigts, je les passais sur sa joue, puis l'arrêtais dans son cou, pour prendre la sienne et la serrer fort.

J'eus soudain une impression. L'impression que quelque-chose se débloquait en moi. Cela se produit lorsque Anouck Caladhiel, oui à ce moment précis, lorsqu'elle caressa doucement mon bras recouvert de croix gammées, croix gammées que personne encore n'avait touchées, que personne n'avait regardé autrement qu'avec un regard haineux. Je déglutis doucement, et un sourire put se lire sur mon visage. Je me sentais comme libéré d'un poids, tellement libéré que j'osais à peine faire les gestes qui me venaient à l'esprit et auxquels je n'aurais jamais pensé il y a une minute. Lorsque la main de la jeune femme serra la mienne, une impression de réconfort s'installa de plus en moi. Une main chaleureuse, dont même je n'osais pas rêver.

J'avais le sentiment d’appartenir à un monde parallèle. Tout cela était irréel. Je levai la tête et fixai Anouck dans les yeux, avant de prendre sa main et la déposer sur mon épaule. Je la saisis à la taille doucement et la posai sur mes jambes puis, sans hésiter, mes grandes mains touchèrent la peau délicate de son dos, en-dessous de son fin tee-shirt. Ainsi, je la serrai contre moi. J'approchai mon visage du sien et déposai sur ses lèvres un baiser doux qui traduisait... Le désir. Sentir son corps chaud sur moi et sa respiration qui devenait de plus en plus rapide, tout comme la mienne, était simplement irréel.
Bizarrement, je ne fus pas surpris de faire quelque-chose qui me paraissait absurde il y a quelques minutes. Je l'avais senti, j'avais senti que j'avais été libéré, libéré de je ne sais quoi. On dit que je manque d'affection, et moi, je m'obstine à croire que je n'ai pas besoin d'affection pour vivre. Je pense peut-être faux...

Mes mains devenaient baladeuses, mais je ne m'en inquiétais pas. Je n'avais toujours pas décollé mes lèvres de celles d'Anouck.

La respiration plutôt rapide d'Otto se calma, rythmée sur la mienne tandis que ma main serrait la sienne. La chaleur de ses doigts entrelacés aux miens m'envahit comme un frisson. La froideur ma paume s'échappa aussitôt pour devenir comme une brulure, mais agréable... Les yeux fermés, je sentis qu'il bougeait. Je les rouvris et vis qu'il m'observait. Nous nous fixions pendant quelques instants avant qu'il ne bouge de nouveau et pose ma main sur son épaule. Il me prit ensuite par la taille, lentement. Je me posais sur ses jambes, alors qu'il passait ses mains dans mon dos... La sensation qui m'envahit fut elle que j'en frissonnais. Il me serra contre lui, délicatement. Je respirais le bonheur qui régnait en moi. Puis sans que je m'y attende, il approcha on visage du mien, et posa ses lèvres contre les miennes. J'eus un haut le coeur avant de me détendre et de savourer... Pourquoi faudrait il que ce moment s'arrête..? Pourquoi ne poivrait il pas durer une éternité..? Il n'avait toujours pas décollé ses douces lèvres des miennes qu'un bruit résonna non loin.

Je sursautais et me collais à Otto. Un ivrogne sortit en marchant de travers, nous insulta quelque peu et disparut dans les buissons, une bouteille à la main. Il faillit rater le trottoir et manqua de tomber, mais se rattrapa de justesse. Je me serrais fort contre mon homme pour étouffer mon rire. Mon homme..? Possessif... Non Anouck pas le moment de faire du français ! Mais c'est tout simplement le fait de me dire qu'il était à moi, qu'il m'appartenait -malgré sa toute liberté- mais que son coeur m'appartenait, et que le mien le lui appartenait... Jamais cela ne l'était arrivé... Mais comment réagirai Olana si je le ramenai à l'appart..? Assez de questions !! Je n'avais toujours pas retiré mon visage de sa chemise. Je tournais ma tête et écoutais son coeur battre, lentement... Sans même réfléchir, ces trois mots me vinrent tout seul :

« Ich Liebe Dich. »

« Ich Liebe Dich. »

L'écho de ma langue maternelle me fit presque sursauter. Mon coeur se mit à battre plus fort, et mes yeux se mouillèrent. Le type de mini crise cardiaque que je fais d'habitude en entendant de l'allemand. Oui, j'étais taré. Et alors ? Je respirais doucement, j'avais besoin de lui répondre que moi aussi je l'aimais. Sur ce mots, je la serrais plus fort, et j'avais envie de pleurer de joie. Si elle avait voulu me faire plaisir, c'était réussi. Je déglutis pour refouler mes larmes. Je souris de toutes mes dents, et Anouck ne le vit pas. Sa tête était posée sur ma chemise et je sentais sa respiration calme, contrairement à la mienne. A partir de ce moment, je ne me sentais plus capable de retenir les gestes qui me venaient à l'esprit : ils étaient faits avant que j'aie eu le temps de réfléchir.

Délicatement, je posais Anouck couchée, le dos un peu contre le mur, à côté de moi, en la regardant dans les yeux. Je souris légèrement, avant d'enjamber la jeune femme pour me retrouver à cheval sur ses cuisses, mes jambes croisant les siennes. Je posais mes mains sur ses épaules et la fixai un court instant. Dans son regard, j'eus l'impression qu'elle me donnait son accord. Mes mains glissèrent le long de sa taille et j'enlevais son tee-shirt. Mes mains se posèrent d'elles-même sur sa poitrine. Je me penchai et lui fis quelques baisers tendres dans le cou, et mes mains descendaient de plus en plus bas...

Les battements de son coeur s'accélérèrent aussitôt que j'eus finit ma phrase. Sa respiration devint plus rapide, et sa poitrine se souleva plus vite. Je sentis comme une sorte de reniflement mais je ne prenais pas la peine de lever les yeux tant j'étais bien comme ça. Délicatement, je sentis les mains d'Otto me prendre les hanches et me mettre à côté de lui en position couchée sur le dos, en me fixant de ses yeux bleus. Puis, il enjamba mes cuisses pour se mettre sur moi. Posant ses mains contre mes épaules, il m'interrogea du regard et lui accordait un compréhensif, affirmatif. Ses mains glissèrent le long de ma taille jusqu'à ce qu'il enlève mon fin t-shirt. Ses doigts se posèrent sur ma poitrine, avant qu'il ne me fasse quelques doux baisers dans le cou.

Je respirais le bonheur. Je soupirais de plaisir. Alors que ses mains descendaient encore et toujours plus bas, je le lui prenais et les remis près de leur ancien emplacement. J'eus un sourire malicieux lorsque je dirigeais les miennes vers sa chemise que je déboutonnais doucement. Une qu'il fut torse nue, je passais mes doigts fin dessus, remontait jusqu'à son visage, je lui prenais, et lui offrit un cours baiser. Puis, elle redescendirent vers son pantalon, et je descendis le pantalon, un peu, un peu plus. Sous cet angle, les croix gammées apparaissaient distinctement. Je jouis très doucement lorsqu'il qu'Otto fit de même avec mon jean.

J'avais ma liberté. Mes idées se mettaient en place, et j'assimilais peu à peu que j'étais tombé amoureux. En quelques heures. Alors que, au long de toute une vie, je n'avais jamais pensé à l'amour, ou alors pour me dire que c'était inutile et insensé et qu'il ne fallait jamais que je tombe là dedans. Trop tard. Les mains d'Anouck descendirent lentement vers mon pantalon et, sans réfléchir, j'enlevais peu à peu le sien aussi. Je me sentais connaisseur alors que je ne me rappelais pas avoir fait ça une seule fois dans ma vie. Peut-être quand j'étais en Allemagne.. Je ne sais pas. Mais peu m'importait, aujourd'hui.

Nous étions tous deux nus, là près du mur. Je souris, toujours sur Anouck, et passai un bras dans son dos que je décollai du mur froid et déposais à terre. Sa tête toucha doucement le sol, et mon corps suivit. Mon torse entra en contact avec sa poitrine. Avec personne, je n'avais jamais ressenti une telle chaleur, avec un mélange malsain d'excitation, et d'amour bien entendu. Je n'aurais jamais cru faire ça avec autre chose qu'une femme de ma nationalité, étant donné que j'étais profondément raciste. Si ça se trouve, elle était Jui...
J'arrêtai ma pensée là. Mes lèvres étaient à deux millimètres de celles d'Anouck et elles se touchèrent, puis, je me "mis à l'oeuvre sérieusement". Ba, c'était comme ça que j'appelais les va-et-vient rythmés qui faisaient tout le charme de la scène.
Et après, pour le clou du spectacle, je me surpris à penser que j'aimais ça.



[ MDRRRR ! xD]

Après nos deux pantalons retirés, nous étions nus, dans l'air glacial de la nuit, mais le corps chaud d'Otto me réchauffa rapidement, y compris lorsqu'il décolla mon dos du mur froid pour le poser par terre. Une fois la tête sur le sol, il se coucha sur moi et nos corps se touchèrent pour de bon. Je jetais un regard furtif vers le parking d'où avait apparu l'ivrogne, mais tout était calme, et je revins vers Otto. Son visage parfait s'approchai de moi et nos lèvres se touchèrent. Je savourai, nos langues se touchèrent, avant que les choses sérieuses ne commencent... Je ne m'empêchais nullement de jouir, les cris sortant naturellement de ma bouche, couper parfois par de longs baisers. Je fermais les yeux tandis que mon coeur battait la chamade et qu'il s'épanouissait dans l'extase. Alors que nous continuions, je ne pus m'empêcher de rire, pour une raison que j'ignorais encore. Otto m'interrogea du regard et je fis non de la tête avant de l'embrasser sur le nez, doucement.

« Ich liebe dich, du, du, und Deutschland... »

Sans attendre qu'il n'écarquille les yeux, je l'embrassait longuement pour ne pas qu'il ne me réponde. C'est alors que je me rendis compte de l'ampleur de ce que nous faisions. Il y a quelques heures à peine je venais dans l'intention de mieux connaitre cet homme avec lequel je couchais en ce moment même. Fou. C'était le mot, mais au fond il nous correspondait aussi bien à l'un qu'a l'autre. Puis un air me revint en mémoire. La voix d'Unheilig résonna dans oreilles, avec comme paroles So wie du Warst... J'avais eu le temps d'apprendre la signification de cette phrase, qui était plus que réel. Tel tu étais. Tel qu'Otto était avant. Tel qu'il est maintenant. Profondément changé.